Vitrage feuilleté

Le vitrage feuilleté désigne un assemblage de deux ou plusieurs feuilles de verre collées entre elles par un ou plusieurs films intercalaires en matière plastique, généralement du PVB (polyvinyl butyral). Cette structure composite confère au vitrage des propriétés de sécurité remarquables : en cas de bris, les fragments restent adhérents au film, évitant les projections de verre et les risques de blessure.

Le principe du vitrage feuilleté remonte au début du XXe siècle, initialement développé pour les pare-brises automobiles. Son application au bâtiment s’est généralisée avec l’évolution des normes de sécurité et la recherche de performances complémentaires (acoustique, protection solaire, anti-effraction). Le vitrage feuilleté constitue aujourd’hui un standard pour de nombreuses applications où la sécurité des personnes est en jeu.

Composition et fabrication

Le vitrage feuilleté standard se compose de deux verres de 3 ou 4 mm assemblés par un film PVB de 0,38 mm. L’appellation courante « 44.2 » désigne ainsi deux verres de 4 mm avec deux films PVB. L’épaisseur et le nombre de films déterminent le niveau de sécurité et les performances complémentaires du vitrage.

Le film PVB assure l’adhérence entre les feuilles de verre grâce à un procédé d’autoclavage sous chaleur et pression. Cette liaison permanente maintient les fragments en place en cas de bris et confère au vitrage une élasticité qui absorbe une partie de l’énergie des impacts. D’autres intercalaires (EVA, résine coulée, ionoplaste) offrent des propriétés spécifiques selon les applications.

Les verres constituant le feuilleté peuvent être de natures diverses : float clair, teinté, réfléchissant, à couche basse émissivité ou trempé. La combinaison de ces verres avec les films intercalaires permet d’obtenir des vitrages multifonctionnels répondant simultanément à plusieurs exigences (sécurité + isolation + contrôle solaire).

Propriétés de sécurité

La résistance à l’impact constitue la propriété fondamentale du vitrage feuilleté. Sous l’effet d’un choc, le verre se fissure mais les morceaux restent collés au film, formant une toile d’araignée. Cette caractéristique prévient les chutes à travers le vitrage et protège les personnes des coupures par éclats de verre projetés.

La classification des vitrages de sécurité selon la norme NF EN 12600 définit trois niveaux de performance (1, 2, 3) associés à une lettre indiquant le mode de rupture (A, B ou C). Le classement 1B1 caractérise les vitrages feuilletés conformes aux exigences de sécurité les plus élevées pour la protection des personnes.

La résistance anti-effraction du vitrage feuilleté se mesure selon la norme NF EN 356. Les classes P1A à P5A définissent une résistance croissante aux tentatives d’intrusion. Un feuilleté standard offre une protection de niveau P1A, tandis que les compositions renforcées (multiples films, ionoplaste) atteignent les niveaux supérieurs requis pour les locaux sensibles.

Performances acoustiques

Le film PVB possède des propriétés d’amortissement acoustique qui réduisent la transmission des vibrations sonores à travers le vitrage. Un feuilleté acoustique améliore l’affaiblissement de 2 à 3 dB par rapport à un vitrage monolithique de même épaisseur, un gain perceptible dans les environnements bruyants.

Les films PVB acoustiques spéciaux (PVB Silence, PVB Acoustic) renforcent encore l’isolation phonique grâce à leur composition optimisée. Intégrés dans un double vitrage asymétrique, ils permettent d’atteindre des affaiblissements de 42 à 45 dB, conformes aux exigences des zones exposées au bruit des transports.

Applications réglementaires

La réglementation impose le vitrage feuilleté dans de nombreuses configurations où un risque de chute ou de heurt existe. Les garde-corps vitrés, les allèges basses, les portes vitrées et les cloisons de grande hauteur doivent intégrer du vitrage de sécurité dont le feuilleté constitue la solution privilégiée.

Dans les ERP (Établissements Recevant du Public), les vitrages en parties basses accessibles au public doivent satisfaire aux exigences de sécurité. Le DTU 39 précise les configurations nécessitant du vitrage feuilleté selon la fonction du local, la hauteur de chute et l’exposition aux chocs.

Les toitures et verrières horizontales imposent systématiquement l’usage de vitrage feuilleté en face inférieure pour prévenir les chutes de verre en cas de bris accidentel. Cette prescription s’applique également aux planchers de verre où la sécurité des personnes circulant en dessous prime.

Pathologies et désordres

Le délaminage du film intercalaire constitue la pathologie principale du vitrage feuilleté vieillissant. L’adhérence entre le PVB et le verre se dégrade sous l’effet des UV et de l’humidité, créant des zones blanchâtres ou des bulles visibles. Ce défaut compromet la transparence et peut affecter les propriétés de sécurité du vitrage.

Les infiltrations d’eau au niveau des joints favorisent le délaminage périphérique du feuilleté. L’humidité migre entre les couches et dégrade progressivement l’adhérence du film. L’entretien des joints d’étanchéité et le drainage correct des feuillures préviennent cette pathologie évolutive.

L’identification des vitrages feuilletés lors d’une expertise repose sur l’observation des chants (film visible) et sur le test de résonance (son mat du feuilleté contre son cristallin du monolithique). Cette vérification confirme la conformité de l’installation aux exigences de sécurité.